Benjamin
Foulées de Vincennes : tenter un 10 kilomètres avec prépa, pour une fois
- février 4, 2020
- , 5:37
- , Running
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Très honnêtement, j’aime pas les 10 kilomètres. Courir comme un bourrin à s’en faire mal aux jambes, à faire tambouriner le palpitant, ne pas avoir le temps de regarder le paysage ou les supporters, souffrir, tenir coûte que coûte. L’effort est beau, l’effort est grand. J’aime le côté dépassement de soi. Mais le plaisir vient davantage une fois la ligne d’arrivée franchie que pendant. Et ça me chagrine un peu quand même tout ça, moi le coureur de long, qui aime à prendre le temps d’aller saluer, taper dans les mimines des enfants.
Mais. Premier problème : Ça reste un très bon entraînement, et une distance phare sur la route. Deuxième problème : Je suis orgueilleux. J’aime beaucoup me battre moi-même, repousser mes limites. Et quand je sens que mon record n’est plus à la hauteur de ce que je pourrais désormais faire, je n’aime pas cela. Alors, ni une ni deux, je prends un dossard et je vais tenter de remettre les pendules à l’heure. Un chouia crétin quoi.
Et voilà donc comment je me suis retrouvé de nouveau sur un 10 kilomètres.
Repartir en prépa comme à la guerre
Comme évoqué, je savais mon niveau être désormais loin de mon record actuel sur la distance : 36’26. D’abord parce que l’entrainement avait été assez intense depuis, m’entrainant beaucoup plus haut sur la distance marathon. Ensuite, aussi parce que… Bah clairement je n’avais jamais préparé vraiment et sérieusement un 10 kilomètres avant cela. Vaste blague.
1 an auparavant, sur les Foulées de Vincennes là encore, j’avais couru en retour de blessure et n’avais donc pas pu vraiment m’entrainer. Ensuite, en juin 2019, je m’étais aligné sur la 10k Jules Verne puis les 10k Adidas en ayant très peu couru durant les deux mois précédents. Bref, des conditions pas super optimales, qui m’ont valu des « Un jour il faudra peut-être que tu cours un 10 kilomètre autrement qu’en allure semi-marathon non ? ». Il y avait un peu de bon sens là-dedans.
Et puis, après avoir tant cherché (et trouvé) la performance rêvée sur marathon, me restait maintenant à aller taper vraiment sur les deux autres distances reines du bitume : le 10 kilomètres et le semi-marathon.
Il a donc fallu rechausser les baskets, retourner progressivement faire tourner les guiboles durant le mois de décembre, remonter en cadence, reprendre les bonnes habitudes, retrouver le chemin de la piste. Retourner se faire mal sur des séances pas franchement évidentes. Parce que franchement, se lever un dimanche matin pour aller se faire des blocs d’allure 10k, c’est un coup à vraiment se dire qu’on fait un sport à la con. Un peu de tartan par ci en rejoignant un groupe de fractionné, les Zoom Volt Runners, un peu de fartlek par là pour agrémenter mes pauses déjeuners (et bon appétit bien sûr), et toujours pas mal de volume. Parce qu’enfiler les kilomètres comme des perles, on aime ça.
Quelques petits soucis physiques pour corser le tout, histoire que l’histoire soit un peu plus piquante. Des douleurs dans les ischios, symptômes d’une rébellion d’un corps pas fan de retrouver la piste, des séances de massage et de glaçage pour lui dire qu’il n’a pas son mot à dire, des étirements pour tenter de se réconcilier quand même.
Bref, c’était pas du gâteau, mais la prépa s’est faite, pour une fois. En parlant de gâteau, on a profité de l’occasion pour faire un peu de détox avec le Dry January… Non je déconne. Assez de semaines sans alcool comme ça dans l’année, pas fou non plus. Mais j’ai essayé de manger un peu plus sainement quand même, genre un peu plus de légumes et moins de gras dans l’assiette, histoire d’effacer un mois de décembre plutôt déplorable sur le plan diététique. Mais avec toujours de la bière et de la galette malgré tout. Faudrait pas abuser.
Un RP qui me fait de l’œil
Crédits photo : Thierry Tieu
Bref. Dimanche 2 Janvier. On y est. Il pleut, il vente. Chouette. Heureusement que j’habite pas loin, au moins je peux dormir plus quand même. Tout est bon à prendre hein. Départ de la casa en petite foulée (oui oui ça m’arrive), arrivée devant le château de Vincennes pour aller prendre la photo de groupe des Adidas Runners Bastille. Groupe compact puisqu’un certain nombre de fous ont décidé de quitter la chaleur de la couette pour l’humide compagnie de la boue vincennoise, afin d’encourager les camarades. Doux dingues, mais c’est pour ça qu’on les aime.
Petit passage aux consignes, échauffement, gammes, et hop je suis prêt. Je rentre dans mon SAS parmi les premiers, histoire de me positionner tout devant. J’ai besoin d’être au plus proche du SAS précédent, au vu du chrono visé. Sub 36 à coup sûr, sub 35’30 en attente, sub 35’ en rêve. Ça va être chaud, je pronostique plutôt un truc comme 35’10, avec un petit craquage sur la fin. Parce que là tout de suite j’ai du mal à m’imaginer tenir 35 minutes à la cadence infernale que je m’apprête à prendre.
Comme à mon habitude, je relace mes chaussures plusieurs fois. Pas assez serré, trop, ah non pas assez. Petit soucis à quelques minutes du départ : « Pourquoi c’est plus flou d’un coup ? ». Je viens de perdre une lentille en me frottant l’œil. Je sentais bien qu’elle voulait se la jouer Prison Break aussi. Bon, il faudra donc courir avec un seul œil. De toute façon j’avais pas prévu d’admirer le paysage.
Un 10 kilomètre, ça cogne énormément
Top, le départ est donné. Et ça part hyper vite comme prévu. Le 3’10 d’allure qui s’affiche sur la montre ne me dit rien qui vaille. Je reste sage, passe très vite sur 3’25-3’30 comme prévu. Pourquoi tous les gens autour continuent en mode fusée ? Ça ne leur prend pas bien longtemps, je recommence à doubler peu à peu.
Les premiers kilomètres passent plutôt vite, on est déjà à 3 que je n’ai pas vraiment vu le temps filer. Les choses vont commencer à se complexifier un peu plus désormais. Heureusement, les supporters sont là pour nous insuffler un peu de force supplémentaire avec leurs cris stridents perçus au loin.
Crédits photos : Thierry Tieu
Les jambes réagissent un peu plus douloureusement mais tiennent bien le rythme. Kilomètre 4, avec le 5e qui se profile petit à petit. Petit faux plat légèrement montant, on ne lâche rien. Je rattrape le chef parti légèrement avant moi. Ça devrait être de manière à un peu m’inquiéter sur une allure peut-être trop rapide vu son niveau. Mais quelques secondes passées à ses côtés me font comprendre qu’il y va plus tranquillement, il semble bien plus relax que moi.
Je continue ma route, franchis la mi-course, mais oublie de regarder le chrono. Toutefois, le passage au 6e kilomètre m’apprend que je suis en avance de bien 15 secondes sur le sub 35’. Bizarre, mais on va pas s’en plaindre. Je sens les jambes capables de continuer encore quelques kilomètres à cette allure. Le cardio est élevé et les cuissots sous tension, mais ça tient pas trop mal pour l’instant. Alors on fonce. A travers flaques et boue. Parce que clairement certains passages deviennent un peu des champs de guerre. Je manque de glisser plusieurs fois dans des virages sous l’effet de la boue, y laisse certainement quelques secondes par ci par là. Mais le chrono reste bon, très bon.
Crédits photo : Thierry Tieu
A hauteur du 8e kilomètre, je vois que j’ai désormais au moins 25 secondes d’avance. Large. Si je ne lâche pas, le sub 35’ semble quasi assuré. Désormais, il faut tenir. Ça commence à devenir un peu dur, mais je sais que ça va le faire maintenant. La flamme, l’espoir du sub 35’ me maintiennent dans le rythme. Additionné à cela la force que donnent les encouragements de la team au 9e kilomètre.
Crédits photos : Anthony Matet
C’est désormais le sprint final. 500 mètres. 200 mètres. Des virages, encore et encore. Mais c’est bon, on y arrive. Et top, c’est fini ! J’arrête la montre. 34’03. Hein ? 34’03. What ? 34’03. Euh, il s’est passé quoi ? C’était pas prévu comme ça. Bon bah tant pis. Oups.
En vrai, c’était pas vraiment prévu comme ça. Mais bon je savoure. Smile. Et re-smile. Parce que ça fait plaisir ce genre de victoire. Ça fait du bien. Ça fait oublier pas mal de choses beaucoup moins faciles ces derniers temps, les soucis, les tracas, les difficultés. Maintenant, il est temps d’aller voir les copains pour aller se raconter nos courses, nos succès, papoter, savourer. Parce que je n’aime pas les 10 kilomètres. Mais il faut avouer que l’après-course est quand même sacrément sympa.
Crédits photo : Athaa – Farhay Photographie
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