Trail des Passerelles - Arrivée

Trail des Passerelles du Monteynard : lac, soleil et dénivelé

Après ma précédente expérience sur trail à l’occasion du 23 kms du Mont Blanc, mon challenge suivant était autrement plus ambitieux : le trail des Passerelles du Monteynard. 40 kms entre lac, sommet et sentiers, 2100 mètres de dénivelé positif. Une distance nettement plus importante, proche du marathon, soit le maximum de distance que j’aie jamais fait, mais cette fois-ci en montagne. Autant dire que l’objectif était donc de taille et à la mesure de mon ambition de me lancer sur un trail un peu costaud.

Entre mon initiation précédente au trail et cette nouvelle course je n’avais donc eu que 15 jours pour préparer l’échéance. J’ai continué sur ma lancée en courant encore plusieurs fois dans la semaine, avec un peu de dénivelé pour préparer les jambes, mais pas trop non plus pour éviter d’accumuler de la fatigue. J’étais donc prêt à me lancer dans cette nouvelle aventure, fort de mon expérience du Mont Blanc qui m’avait donné confiance en mes capacités de baby traileur. Alors que j’avais réalisé les 23 kms du Mont Blanc assez tranquillement, sentant que j’en avais encore sous le pied à la fin, le but est cette fois-ci bien de me donner davantage, de me pousser et donner le meilleur de moi-même. Pas d’objectif de classement, mais juste l’envie de sentir que je mets toutes mes forces dans la bataille.

Préparatifs pré-course

Nous sommes arrivés le samedi midi à Grenoble avec Thierry , mon acolyte du week-end, profitant un peu de la ville avant d’aller chercher la voiture que nous avions loué et d’aller à l’hôtel. J’étais déjà venu à Grenoble il y a quelques années, à l’occasion de mon tour de France des oraux d’école de commerce, et hier comme aujourd’hui je n’ai trouvé aucun charme à cette ville étouffante et guère jolie. La région est certes magnifique, mais la ville en elle-même ne m’a jamais plu et je suis bien content de ne pas l’avoir choisi pour y faire mes études il y a de cela 6 ans. Le charme normand a vaincu les cimes grenobloises !

Nous sommes ensuite partis l’après-midi récupérer notre dossard avec Thierry et Valérie, une amie de Thierry, sur le lieu de départ de la course au bord du lac du Monteynard. Nous avons ainsi retrouvé nos autres collègues coureurs d’Adidas Runners Bastille, et notamment assisté au départ et l’arrivée de notre leader Yohan sur le trail de la Côte Rouge (24 kms). Une pasta party chez Flunch plus tard, nous étions rentrés à l’hôtel pour préparer nos sacs et profiter d’une bonne nuit.

Départ décalé et débuts roulants

Quelques heures de sommeil plus tard, nous revoilà au bord du lac du Monteynard, prêts à nous élancer pour 40 kms. Hélas, la météo a bien changé et le tonnerre gronde, les nuages s’amoncellent et l’orage éclate peu avant le départ. Celui-ci est donc retardé d’une heure et nous devons attendre serrés les uns contre les autres sous des tentes que l’averse passe.

La pluie vient à se tarir et nous voilà enfin partis avec vos vestes de pluie, prêts à en découdre mais surtout à profiter du magnifique parcours qui nous attend. Les premiers kilomètres sont plats et très roulants, j’en profite donc pour accélérer et doubler énormément de monde, afin de ne pas être pris dans les embouteillages dès que les premières difficultés apparaîtront. Les 5 premiers kilomètres se passent donc très tranquillement, avant d’arriver à la Passerelle de l’Ebron, première occasion de profiter des superbes vues sur le lac du Monteynard. Nous ne pouvons pas courir sur les passerelles, aussi je saisis l’occasion pour enlever et ranger rapidement ma veste de pluie maintenant que le temps est plus propice. Surtout, je prends le temps de faire quelques photos et d’admirer la vue qui s’offre à mes yeux, quitte à perdre quelques places. Je suis certes venu ici pour me pousser et donner le meilleur de moi-même, mais aussi et surtout pour en profiter !

Je repars ensuite pour une portion un peu plus vallonnée, mais rien de bien méchant. Quelques montées de temps en temps qui nécessitent de ralentir le rythme et de marcher, quelques belles descentes, mais surtout beaucoup de plaisir à courir dans les sentiers des bois, à cavaler sur un terrain un peu plus irrégulier. Pas de fatigue pour l’instant, je me sens très bien et fais attention à boire régulièrement pour ne pas me déshydrater.

Nous arrivons sur la seconde passerelle, et là encore c’est un plaisir pour les yeux, un émerveillement durant toute la traversée. De belles couleurs, un ciel qui se découvre, et un peu de marche qui permet en même temps de se reposer un peu pour mieux repartir.

Ça commence à monter un peu plus ensuite, mais nous arrivons assez vite dans le village de Mayres-Savel. Là nous retrouvons tout d’abord brièvement de la route, mon terrain de jeu, un endroit où je me sens pousser des ailes. Et effectivement j’accélère très facilement et sans difficulté, et j’arrive bien vite au premier ravitaillement. Petite pause bien méritée, et qui fait du bien avec de l’eau, du coca, du fromage, de la charcuterie, des TUC,… Bref, j’aime les ravitaillements de trail !

Les choses sérieuses commencent

Et ce ravitaillement n’était pas de trop, car la portion qui s’annonce ensuite est redoutable : la montée jusqu’à l’alpage du Sénépi ! Seulement 5 kms de montée, mais 800m de denivelé positif. Et je peux vous dire que ça pique. J’essaie de garder un bon rythme tout du long, de ne pas faiblir, mais l’organisme souffre, mes cuisses sont à la peine, le souffle est court, le dos commence à se plaindre. La montée est longue, et met à rude épreuve les jambes et les volontés. Et quand enfin la pente s’adoucit, que le chemin se fait moins raide, que les jambes pourraient relancer, la fatigue accumulée m’empêche de repartir. Je cours par intermittence quelques centaines de mètres avant de me remettre à marcher, les jambes cassées par l’effort précédent.

J’arrive néanmoins à garder un rythme correct, et, satisfaction supplémentaire, les rares personnes qui me doublent sont pour la plupart armées de bâtons de trail qui leur permettent de les soulager et de moins se fatiguer dans les montées. La vue sur les environs est néanmoins magnifique une fois arrivés en haut, faisant de ces derniers instants en altitude un plaisir malgré tout.

Nous repartons ensuite sur une bonne descente, avant d’arriver au second ravitaillement et ses victuailles bienvenues. La suite de l’aventure est assez plaisante avec de nombreux chemins à travers les bois, des portions roulantes comme de sacrées descentes où la gomme des chaussures chauffe. Il faut alors faire attention à avoir le pied sûr, le bon geste qui permet d’assurer un bon appui car on a vite fait de glisser sur un terrain tantôt mouillé, tantôt bien sec. Cela n’en reste néanmoins pas trop technique, et je progresse rapidement, grappillant encore quelques places, notamment dans les portions plates qui me permettent de pleinement utiliser mon allure de routard parisien.

C’est ainsi que nous revenons peu à peu sur nos pas à hauteur du village de Mayres-Savel. Revenus sur du bitume, je peux de nouveau dérouler à pleine puissance les jambes et reprendre une allure plus habituelle. L’arrivée dans le village se fait dans une ambiance incroyable, avec une foule de supporters criant à tout va et nous encourageant comme des héros ! Les dernières centaines de mètres avant le ravitaillement se font avec un grand sourire aux lèvres, enivré de ces applaudissements anonymes.

Une pincée de chaleur

J’en suis alors à 25 kms parcourus, je me sens alors à peu près en forme, mais la chaleur commence à vraiment se faire sentir. J’en suis désormais à 2h30 d’effort, mais je sais que le plus dur reste à venir, avec les températures qui montent (on atteindra les 30-32°), et surtout les 10 derniers kilomètres qui s’annoncent terribles.

Et en effet, je sens ensuite mes forces peu à peu décliner, et les kilomètres suivants sont nettement plus difficiles. Bien qu’ayant déjà emprunté cette portion en sens inverse à l’aller, le chemin me semble cette fois plus compliqué, et je fais le choix de m’économiser et de ne pas relancer à tout va afin de garder des forces pour la fin. Malgré la fatigue qui s’installe et la soif qui se fait toujours plus pressante, je profite quand même des splendides vues sur le lac et les environs depuis quelques belvédères et les fameuses passerelles. Au détour de la dernière passerelle, les encouragements chaleureux du public me redonnent quelques forces pour affronter la terrible dernière partie qui m’attend.

Il est alors plus de midi, il fait chaud, et c’est avec soulagement que j’accepte quand on me propose de me renverser de l’eau sur la tête lors du dernier ravitaillement. Je m’arrête un bon moment, prend le temps de bien boire et me rafraichir, car on nous annonce qu’il n’y aura plus aucun ravitaillement avant la fin. Nous en sommes à 31 kms, et il reste donc encore 9 kms à parcourir. Une dernière portion redoutable comme je le disais, car il s’agit de la montée de la Côte Rouge, plus de 500 mètres de dénivelé positif, et 7 kms de montées et faux plat avant la dernière descente finale de 2 kms.

Cuisson à point dans la Côte Rouge

Je repars ensuite à l’assaut des sommets, pas après pas, malgré mes jambes me criant presque de m’arrêter de suite. Je ne cours plus que très peu pendant les kilomètres qui suivent, sur de petites portions, mais les montées régulières m’interrompent et je n’ai plus la force de tenter quoique ce soit dès lors que le terrain s’élève. Je m’en tiens néanmoins à la résolution de ne surtout pas m’arrêter, de continuer droit devant. Autour de moi, les autres coureurs souffrent également et sont à la peine, et je dépasse plusieurs d’entre eux complètement cuits.

Il faut dire que la cuisson du traileur est à point ici. Le soleil tape et nous rétame tous, créant une pesanteur sur les corps et les esprits qui rend chaque foulée plus compliquée. Les kilomètres défilent lentement, mais chaque minute qui passe me rapproche un peu plus de l’arrivée je le sais. Je rêve néanmoins régulièrement de glace et de glaçons, de quelque chose de frais pour me rafraichir, pas bon ça. J’essaie de garder l’esprit bien concentré sur le chemin qu’empruntent mes pieds, afin que la fatigue ne m’inflige pas une chute qui ne viendrait pas arranger mes affaires.

Au 37e kilomètres, miracle, un ravitaillement imprévu a été dressé par des bénévoles au vu de la chaleur, nous permettant à chacun de prendre de l’eau et de nous rafraichir. Que cela fait du bien !

Le kilomètre suivant n’est ensuite plus qu’une longue série de « Mais elle est où cette foutue descente ? » avant d’arriver à la descente proprement dite. Comme on me l’avait annoncé, celle-ci est bien raide et la terre bien sèche, aussi fais-je malgré tout attention à bien rester concentré pour ne pas chuter. J’entends le speaker de l’arrivée au loin je vois le lac se rapprocher peu à peu, je sens que la course touche à sa fin.

Je retourne sur le bitume pour le dernier kilomètre et retrouve un dernier souffle. J’accélère sur ce terrain familier, et double de nouveau plusieurs personnes avant d’arriver dans la dernière ligne droite. Nouveaux applaudissements de la foule, des mains tendues pour m’accueillir, je franchis la ligne d’arrivée heureux et soulagé d’en avoir fini !

Ce trail fut exigeant et difficile sur sa dernière partie du fait de la chaleur, mais j’y ai pris beaucoup de plaisir durant un parcours diversifié et magnifique, et j’ai pu donner le meilleur de moi-même dans ce qui reste une de mes plus belles courses au moment où j’écris ces lignes. Je finis en 5h07min37sec, 55e sur 1099, une performance inespéré pour le petit parisien que je suis, si peu habitué des terrains pentus. Cette course m’aura donc laissé de très bons souvenirs, pendant et après, avec notamment un barbecue de chef préparé par notre leader Yohan, et une victoire des Bleus en finale de la coupe du monde, vécue depuis le bar jouxtant l’arrivée, dans une ambiance de folie !

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