Benjamin
Rebondir après une terrible désillusion : pourquoi se lancer dans un double marathon ?
- décembre 7, 2019
- , 6:08
- , Running
- Un commentaire
2019, 3 Marathons. 3 Marathons à la résonnance bien différente.
Dimanche 7 Avril 2019 : Marathon de Rotterdam, un enfer, soldé par un malaise, un réveil sur une civière avec une perfusion dans le bras. Fini en 4h08, dans la déception, la douleur et les larmes (de frustration).
Dimanche 3 Novembre 2019 : Marathon de New York. Le bonheur, l’exultation, du début à la fin. Fini en 2h48, dans la joie et sans forcer.
Dimanche 24 Novembre 2019 : Marathon de La Rochelle. La rage, la niaque, l’envie de vaincre, d’aller au bout de mes rêves. Fini en 2h43, pour le goût de la perf.
8 mois se sont écoulés entre ces marathons. 8 mois pour passer de l’enfer au rêve, 8 mois pour se relever et aller toucher les étoiles. 8 mois pour se remettre d’une déception brutale, serrer les dents, retrousser les manches et retourner sur la piste pour vaincre.
Retour sur ces 8 mois.
Terrible désillusion
Dimanche 7 Avril 2019. Le rêve s’arrête en même temps que son corps s’écroule. Epuisé, je suis allé au mental repousser les limites de ce que mon corps m’autorisait à faire. La sanction est tombée. Le trou noir, le vide. Un réveil traumatisant sur une civière, une perfusion dans le bras. Des larmes, de la rage. Et des interrogations. J’aime performer, aller au bout de moi-même, repousser mes limites, mais je ne cours pas pour me retrouver dans des états pareils, pour m’écrouler sur le bitume.
Je pensais pourtant avoir mis toutes les chances de mon côté. J’avais fait une préparation parfaite, dure, intense, je pensais avoir trouvé la bonne recette pour aller au bout de mes ambitions. Mais ça n’avait pas suffi. Une allure un poil trop rapide, le grain de poussière dans les rouages qui a tout fait dérailler.
Alors maintenant, que faire ? Sans compter le souvenir amer de cette course, ce traumatisme qui n’en finira pas de me hanter. Je ne veux plus me retrouver dans des états pareils, plus me sentir aussi mal, je ne veux plus subir une course comme cela. Durant les mois qui suivront, chaque fois que je pousserai un peu trop sur la machine, chaque fois que je me sentirai à court d’énergie, le traumatisme de Rotterdam me reviendra en tête, me freinant, me bloquant.
Stratégie à long-terme
Je n’en peux plus de mal vivre mes marathons, qui est pourtant la distance que j’aime le plus pour ce qu’elle représente. Je veux vivre de nouveau un marathon pleinement, sans souffrance, dans la joie. Et puis, le prochain marathon prévu c’est New York, en novembre. Un parcours pas facile, pas fait pour faire un chrono. Et puis j’y vais avant tout pour l’ambiance, le parcours, la fête, pas pour me retrouver à faire un malaise dans les rues de Manhattan. Alors j’en reste à ce que j’avais conclu avant Rotterdam : New York ça sera sur une allure tranquille, sans recherche de performance, sans jouer au feu. Une évidence après tout ce que je viens de vivre, et qui s’impose à moi immédiatement.
Pourtant, il y a quelque chose qui m’embête. Je suis avant tout, au fond de moi, un compétiteur. J’aime me battre, repousser mes limites, me challenger. Comment réussir à me motiver à faire une préparation marathon pour New York si je n’ai pas la carotte du chrono à battre ? Et celui-là reste pour l’instant désespérément bloqué à 3h04 à Berlin, alors que je me sais capable de faire bien moins. Mais je ne veux pas me mettre en danger à New York. Alors que faire ?
Et c’est là, alors que je profitais de mes vacances dans les montagnes de la magnifique Madère, que me vient une idée complètement folle (tu la vois l’image du vieux sage partant en retraite spirituelle dans les montagnes après un échec ?). Pourquoi ne pas courir un autre marathon, après New York ? Me servir de la préparation et de ce marathon en sous-régime comme tremplin pour aller chercher une performance ensuite sur une autre course ? L’idée était sur le papier complètement débile. De quoi entièrement me séduire donc.
Ça ne paraissait pas le truc le plus malin du monde, pas le plus intuitif non plus. Je ne connaissais personne qui ait jamais tenté ce genre de choses. Après tout, utiliser le plus grand marathon du monde comme sortie longue pour un autre marathon, c’était un peu couillu quand même. Oui, mais ça pouvait marcher. En y mettant les moyens, pourquoi pas après tout ?
Stratégie de préparation
Première étape, il a fallu me relever après mon échec aux Pays-Bas. J’étais mentalement atteint par ma contre-performance, je n’avais plus très envie. Sauf que la rage de me battre est revenue au galop. J’ai essayé de relativiser, de me rappeler une philosophie que j’avais, déjà, écrite noire sur blanc quelques jours avant de courir cette fameuse course : « Mais quoi qu’il arrive, au final là n’est pas le principal. Le principal c’est le chemin parcouru ces dernières semaines, les progrès que j’y ai fait, la satisfaction et le plaisir que j’en ai retiré. L’arrivée ne sera que la cerise sur le gâteau. »
J’avais chuté, ok. Mais ça ne remettait pas en question tout le travail que j’avais fait jusque-là. Au contraire, j’étais persuadé d’être dans la bonne voie. Toute cette préparation, ces semaines, ces mois passés au service de cet objectif, allaient poser les jalons qui devaient me mener à terme à mon but final. Ce n’était que repousser ce qui était inéluctable. J’ai cette force en moi qui me permet de croire, envers et contre tout, que je vais réussir, que je vaincrai, malgré les difficultés. Parce que j’ai foi en mon envie, mes capacités, ma hargne. Rien n’est impossible à qui s’en donne les moyens.
Maintenant, ne me restait qu’à les mettre, ces moyens. Comment ? Tout simplement en appliquant les mêmes recettes que précédemment : « Il allait me falloir aller chercher plus haut, plus fort, plus loin, m’entraîner davantage, me libérer de mes propres limites. S’il y avait bien quelque chose que la préparation pour Berlin m’avait appris, c’était que j’étais capable de bien plus que ce j’estimais possible, que je pouvais pousser toujours davantage, que mon corps serait capable de s’adapter peu à peu à tout ce que mon esprit lui imposerait. Avec du travail et de l’abnégation, je me sais maintenant capable d’aller atteindre de nouveaux sommets, qui paraissaient autrefois si loin, trop loin, à l’horizon. Les seules limites que nous avons sont celles que nous nous imposons. Libérés de nos pensées limitantes un tout autre monde s’ouvre à nous. Il était temps de passer à la phase supérieure. Shall we begin ? » Tout était déjà dit depuis longtemps.
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