Semi de Boulogne

Semi-marathon de Boulogne : nouveau record, qualif et negative split

A l’heure où j’écris ces lignes, je suis encore dans l’euphorie de la course (ces foutues endorphines ne veulent donc pas partir) et surtout de ce chrono plus que parfait, tellement incroyable. Je ne comprends toujours pas tout ce qui s’est passé sur cette course, tout est allé très vite (en même temps 1h18 ça laisse pas le temps de refaire le monde non plus). Mais là, tout de suite, j’ai encore les étoiles dans les yeux qui ne me quittent plus depuis que j’ai franchi cette ligne d’arrivée, depuis que je suis allé arracher ce record et ce temps qualificatif pour le marathon de New York.

Pas le choix, la rage de vaincre

Ce semi, clairement je me devais de le réussir. Ce n’est pas la distance sur laquelle je me teste le plus souvent, et ma précédente expérience m’avait laissé un goût amer. L’amertume d’avoir échoué, de m’être loupé et ne pas avoir réussi à être allé chercher une performance à mon niveau. Sur le dernier semi-marathon de Paris, j’étais parti trop vite et j’avais explosé, allant chercher tant bien que mal dans la douleur un chrono de 1h27’25. Bien, mais en dessous de ce que je savais être capable de donner. Je l’avais entre les dents celui-là, d’autant plus que j’ai ensuite à maintes reprises fait de meilleurs temps sur cette distance en entrainement. J’avais la rage, un besoin de revanche.

Et puis il y a eu Berlin aussi. Le marathon où tout ne s’est également pas passé comme prévu. Et à la suite duquel je me suis fixé comme objectif d’aller renouer avec la perf sur un semi-marathon, celui de Boulogne.

J’avais envie de me battre, de mettre mes tripes sur la table pour aller le chercher ce chrono. Et pas n’importe quel chrono. Tant qu’à faire, autant viser haut. En dessous d’1h21. Bim. Pourquoi ? Parce que c’est le temps requis pour être qualificatif pour le dossard sur chrono au marathon de New York. Rien que cela, bah voyons. 

Semi de Boulogne

Crédit photo : Farhay Photographie

Une préparation à l’instinct

A la reprise post marathon, début octobre, j’ai décidé de ne pas me prendre la tête et de faire un entrainement au feeling, sans plan préétabli. A la sensation, l’instinct, parce qu’au final ça ne marche pas trop mal sur moi jusque-là. Seul impératif, mixer vitesse pour le semi de Boulogne, et beaucoup de kilomètres pour la Saintélyon. Ça fait des semaines un peu chargées ça ma cocotte non ? Et au final c’est passé crème, pas mal de séances à allure rapide, un peu de fractionné pour se faire un peu mal, un chouia de sorties longues, et on mélange le tout.

Seul ennui à la veille du semi : j’attrape je ne sais comment une douleur dans le bas du mollet droit. Ça fait deux jours que je ne cours pas et j’arrive à me faire mal. Ça sert vraiment à rien de reposer les jambes avant une course dis donc. Pas très serein à l’idée de courir 21,1 kms avec un mollet en moins, mais on fera avec.

Et puis arrive le jour J. On pourrait croire que je suis tout feu tout flamme. Bah non, parce qu’il caille. Vraiment. Du genre 4°. Et que t’as prévu de courir en short et t-shirt. Que tu laisses ta veste à la consigne 40 minutes avant le départ. Tu vois le tableau ? Moi clopinant avec mon mollet douloureux, tentant de ne pas me transformer en glaçon avant le départ. Mais à l’intérieur je trépigne d’impatience, je veux aller affronter le bitume, faire chauffer la gomme, me confronter à la distance (et me réchauffer en courant aussi tout simplement).

Semi de Boulogne

Crédit Photo : Anwar / Donjazou

Une course on fire

Le départ est enfin donné, je me cale sur un rythme de 3’45-3’50 au kilomètre au début. Bon en fait très rapidement je ne le respecte pas, je m’enflamme un peu et suis légèrement trop rapide, si bien que je gagne un peu de temps sur l’objectif. Pour tenir un chrono en moins de 1h21, il me faut un rythme moyen à 3’50 max. Difficile, mais réalisable.

Les premiers kilomètres se passent bien, le parcours est très plat, quelques faux plats, quelques toutes petites montées mais rien de casse-pattes. Les encouragements des groupes de runners sur le côté pour nous porter et nous mener à la victoire. Tout va bien, mon mollet et moi on a même décidé de faire la paix, il a arrêté de m’embêter.

 Les kilomètres filent très rapidement, et voilà qu’on en est déjà à 10 kms. Je regarde ma montre : 37min30. Ok. Donc non seulement je suis en avance sur le timing pour l’objectif, mais en plus je viens de battre mon record sur la distance. Pas tout compris à ce qui vient de se passer mais ok. Il fait beau, j’ai pas froid, et je cours vite, donc je suis prêt à tout accepter là. Je passe la moitié de la course, même constat, j’ai une petite avance bien sympathique.

Et là je me dis qu’en fait je suis en forme, et que ça va le faire, que maintenant plus rien ne peut m’arrêter. Jambes, cardio, souffle, tous les voyants sont au vert. Je me sens pousser des ailes. Alors je me laisse porter par le flux des coureurs qui m’entourent, je hausse le pas, accélère l’allure tranquillement, à l’instinct. Je crois que je suis totalement passé en mode pilotage automatique en fait, je suis comme dans un état second, très naturel, et je ne cherche plus à comprendre ce qui se passe. Tout va bien, tant mieux, continuons. (Je tiens à préciser quand même que cette course a été faite sans la moindre drogue, non mais il faut bien préciser parce que ça peut paraître bizarre ce que j’écris quand même).

Semi de Boulogne

Crédit Photo : Stéphane Terry

Les kilomètres continuent à s’additionner, très rapidement. C’est que le temps passe vite en fait. On est déjà au 15e, et je me sens bien. Et en plus j’ai maintenant plus d’une minute d’avance sur le timing. C’est globalement à ce moment-là que cette course est devenue du grand n’importe quoi. Je continue d’accélérer, je ne sais pas trop pourquoi. Je ne regarde plus trop ma montre, ça vient naturellement et je suis à l’instinct ce que mon corps semble avoir envie de faire. Et donc j’enchaîne 3 kms à quasi 3’35 min/kil de moyenne. Tranquillement, pépouze. Bon naturellement je double pas mal de monde. Mais tout continue d’aller bien et on se rapproche de la fin. Les jambes commencent à tirer un peu, mais rien de bien méchant.

Ça commence à devenir un peu plus dur vers le 18e kilomètre, avec un peu de vent pas très gentil qui cherche à nous refroidir et nous fatiguer. Je ralentis un peu mais reste dans un rythme plus que satisfaisant. Je sais maintenant que je vais même passer sous les 1h20 facilement. Je commence à être content de bientôt arriver quand même, c’est bien sympa ce petit footing mais ça fatigue un peu mine de rien.

Dernier kilomètre, je ré-accélère. On quitte les quais et on revient dans le centre de Boulogne-Billancourt, avec davantage de foule pour nous porter. Des coureurs viennent aider un camarade en difficulté à finir. Je les entends dire que le sub 1h19 est possible. Mais non. Je regarde ma montre. Ah si.

Je vois la ligne d’arrivée se rapprocher. Je file droit dessus, la franchis, arrête le chrono : 1h18’27. BAM. C’est pas trop ce qui était prévu ça, mais c’est Noël avant l’heure dans ma tête. Objectif plus que réussi, revanche prise, un record battu de 9 min, et en plus j’obtiens avec ce super chrono mon temps qualificatif pour avoir directement mon dossard pour le marathon de New York. Re-BAM. Et en plus je fais une course incroyable à la kényane où j’accélère en seconde moitié et fais un negative split avec une seconde partie plus rapide que la première, tout en battant alors mon record sur 10 kms de plus d’une minute. Re-re-BAM.

Il est des courses comme ça où on est dans un état second, où tout semble vous sourire. J’étais clairement survolté sur cette seconde partie, plus rien ne pouvait m’arrêter tant j’avais confiance dans le fait que j’allais aller au bout sans le moindre obstacle. Il ne pouvait plus en être autrement. Avec un peu d’adrénaline et beaucoup de mental, on déplace des montagnes. 

Semi de Boulogne

Crédit Photo (+Photo couverture) : Thierry Tieu

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