Benjamin
20 kms de Paris : excès de vitesse dans la plus belle ville du monde
- octobre 15, 2018
- , 11:53
- , Running
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Il y a des courses où tu es sûr de toi, tu te sens préparé, tu t’es entraîné longtemps pour, et malheureusement le jour J ça coince. Et il y a d’autres courses où au contraire tu te sens un peu court niveau entrainement, tu le sens moyen, en mode « oui mais peut-être que… et puis si… enfin on verra », et au final tout se passe bien au-delà de tes espérances. Les 20 kms de Paris édition 2018 font partie de cette seconde catégorie.
Bon là tu te dis que j’ai déjà cassé le suspens du récit, on connait déjà le clou du spectacle, circulez il n’y a plus rien à voir. Lecteur, je t’incite quand même à t’installer bien confortement, un thé ou un café à la main si tu le souhaites, et à m’écouter conter ma course. Promis, pour une fois j’essaierai de ne pas faire trop long (20 kms, donc deux fois plus court que le dernier article, non ?).
Rembobinage : le comeback sportif
Mais avant cela, retour sur les événements précédant la course. J’aime bien remettre un peu de contexte. Un mois tout juste avant, je courrais le marathon de Berlin. Je ne vais te refaire un compte-rendu ici, il existe déjà là. Résultat mitigé, record battu, très beau chrono, mais pas au niveau espéré. Après ça, comme promis à mon corps (oui je sais c’est bizarre, mon corps et moi on fait des pactes ensemble, mais ça marche pas trop mal nous deux), vacances et deux semaines de repos. Oui, deux semaines sans sport, sans course à pied, sans baskets aux pieds, nada, que dalle. Pas facile facile tout ça. Vérification faite, la dernière fois que j’ai tenu aussi longtemps sans faire le moindre sport, sans truquer le jeu par une petite trempette à la piscine ou quelques tours de jambes sur le vélo, c’était il y a plus d’un an. Damn.
Reprise donc la semaine du 1er octobre. C’est comme la rentrée scolaire, nouvelles baskets aux pieds, frétillant d’impatience et en même temps anxieux de savoir où en est mon niveau après ces vacances. Je devais reprendre doucement. Echec. Total. Au bout de 100m j’accélérais déjà pour retrouver des rythmes que je ne pensais pas revoir si vite. Dès la première semaine, une cinquantaine de kilomètres parcourus. Doucement hein. Incorrigible.
J’ai très vite retrouvé les habitudes, les réflexes, le niveau que j’espérais. J’ai aussi très vite retrouvé l’envie de me pousser, d’aller fouler le tartan, de me refaire mal à coups de fractionné, de blocs, d’accélérations, de refaire des perfs. En deux semaines j’ai donc multiplié les kilomètres, parfois calmement, en mode pacer, parfois sauvagement, comme lors d’une fulgurante sortie avec Adidas Runners Bastille.
Un objectif ambitieux
La vitesse ça semblait donc ok, mais serait-ce suffisant pour tenir sur les 20 kms de Paris. L’objectif ? Battre mon temps de l’année précédente, et passer sous les 1h20. Un incroyable come-back en 2 semaines ? Ambitieux, d’où le « oui mais peut-être que… et puis si… enfin on verra ». Pour tout arranger, j’ai réussi à me chopper un petit truc sympa à la gorge, avec quintes de toux qui te pourrissent la nuit et une extinction de voix. Sympa pour prendre confiance.
Qu’à cela ne tienne, je ferai tout de même de mon mieux. Je compte aller sur un rythme de 3’55 au kilomètre, et essayer si possible de passer sous les 1h19 si j’arrive à tenir le rythme jusqu’au bout. Le matin même donc, routine familière d’avant course, le réveil matinal qui pique, le petit-déjeuner, la pause toilettes, la lutte pour mettre les lentilles quand t’as pas les yeux en face des trous, le dossard épinglé au t-shirt sur un quai de métro, la photo de groupe, l’échauffement, l’entrée dans le sas. Ouf c’est bon on est prêts.
Photo : Achievement Unlocked
Une première partie bien en jambes
Le départ est lancé, je pars dans le sas préférentiel 1, juste 10 mètres derrière les élites. Ça bouchonne un peu au début, la faute à une chaussée étroite. Je slalome dès que je peux, dépasse, fait un petit coucou aux supporters Adidas Runners sur le côté (merci à vous !). C’est parti pour une première portion qui fait un peu mal, avec un kilomètre de montée jusqu’à l’Arc de Triomphe. Pas le moment le plus fun, réussir à tenir le rythme et en même temps espérer que le cardio ne grimpe pas trop.
On redescend ensuite dans le bois de Boulogne depuis la porte Dauphine. Les 20 kms de Paris, c’est le seul moment de l’année où tu es content de courir dans ces longues avenues droites, parce que l’autre point du calendrier où tu les empruntes c’est les derniers kilomètres du marathon de Paris. Autant dire que cela laisse des souvenirs nettement plus mitigés, quand souvenirs il y a. Ces longues lignes droites permettent cette fois-ci de dérouler, de faire des kilomètres sans trop de fatigue et à bon rythme. Tout en profitant des incandescentes couleurs de l’automne en train de s’installer. Un régal pour les pupilles, à défaut de pouvoir faire plaisir aux mollets.
Tout va toujours bien pour moi, je ne sens pas encore trop de fatigue s’accumuler dans les jambes, même si je redoute surtout la seconde partie. Je ressors du bois toujours sur un bon rythme, continue d’aligner et essaie de maintenir un rythme constant pour ne pas me fatiguer. Je commence à sentir qu’il me faut mettre légèrement plus d’énergie pour maintenir l’allure, mais rien d’inquiétant pour l’instant. Je franchis la moitié du parcours en 38min23, soit pas si loin que ça de mon record sur la distance (37’39). Bon signe ?
Le plus dur commence
En attendant, il fait beau, pas le signe du moindre nuage contrairement à ce que prévoyait la météo, on profite, il fait bon, il fait chaud… Chaud ? Oui d’un coup il commence à faire sacrément chaud en arrivant sur les quais. La transition bois/quais est brutale en termes de température, nous sommes rôtis en plein soleil comme de bons petits poulets. Je ne me laisse pas déconcentrer, j’avance toujours à mon rythme, un kilomètre après l’autre, je prends les étapes comme elles viennent.
Photos : Matt Colange & Ilyas Toumlilt
Justement, en voici une nouvelle qui arrive, et pas des moindres : les tunnels ! Le franchissement du 14e km marque en effet un tournant dans la course : fini le plat, on se met en mode montagnes russes et on part se faire mal aux cuissots. Une longue alternance de descentes et montées qui vient fatiguer les corps. Il faut veiller à ne pas perdre le rythme, rester dans l’allure, suivre psychologiquement. Je ne lâche rien, je détends les bras dans les descentes, m’économise dans le tunnel pour appréhender la montée avec énergie, mais sans forcer. Un tunnel, deux, trois… Quatre ?! Petit bonus surprise, je croyais en avoir fini là, mais un dernier se cache pour la fin. Heureusement les supporters Adidas Runners sont toujours là sur le côté pour me redonner du peps (encore merci !).
Il est temps d’aborder maintenant la phase finale de la course. A hauteur du Louvres, la longue ligne droite s’interrompt, il est temps de franchir la Seine pour repartir dans l’autre sens. Direction Tour Eiffel, terminus. Il reste alors 3 kilomètres. Ça commence à être vraiment dur de garder le rythme, le corps fatigue et les jambes voudraient bien ralentir. Mais pas le mental héhé. Ces 3 derniers kilomètres se feront sur ces quais que j’ai tant arpentés à l’entrainement. Je les connais par cœur, pas question de lâcher quoi que ce soit. Surtout que le chrono est actuellement bon, très bon même. Je réalise vraiment maintenant que j’ai pris un peu d’avance par rapport à l’objectif : je ne vais pas le boucler en moins d’1h19. Ni même en moins d’1h18. Non, en 1h17, et peut-être même moins. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Alors ralentir, vous pensez bien que ce n’est pas à l’ordre du jour.
Je découpe maintenant le reste en portions de 500mètres dans ma tête pour m’encourager : « plus que 2kms et demi… plus que 2 kms… ». J’approche, une dernière remontée, et me voilà lancé pour les 500 derniers mètres jusqu’à l’arche. Je vois le chrono dessous, approchant dangereusement des 1h17. Je sais que j’ai quelques secondes de moins que le chrono, vu que je suis parti très légèrement après les élites. Mais hors de question de prendre le moindre risque. Maintenant que passer sous 1h17 est envisageable, pas question de laisser filer ma chance. J’accélère, je tape un sprint sur la fin. Je regarde la montre : 1h16min46. Je suis content. Et je n’ai pas vomi.
Peu importe le but, seul le chemin parcouru compte
Après deux petites semaines de reprise, je suis donc plus que satisfaisant de cette performance stratosphérique sortie de nulle part. J’ai du mal à réaliser encore en fait à quel point j’ai réussi, à force d’entrainement, à faire de mon corps un instrument affuté et prêt à être lancé vers des performances toujours plus folles. Je gagne quasiment 4 minutes par rapport à l’année précédente, à un niveau pourtant déjà très satisfaisant. Je ne cesserai jamais de m’émerveiller sur le corps, cette formidable machine, capable de s’adapter et d’évoluer pour atteindre un niveau dont on n’aurait jamais pu rêver auparavant.
Cette course achève de me réconcilier avec ma performance en demi-teinte du marathon de Berlin. Je n’ai pas atteint l’objectif le jour J, mais que de chemin parcouru jusque-là, que d’évolutions. Toutes ces folles séances d’entrainement m’auront permis d’atteindre un niveau encore plus élevé, d’être encore plus satisfaisant que moi-même, d’aller toujours plus haut, et seul cela compte. En route pour de nouvelles aventures désormais
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