J’aurais préféré reprendre la plume pour conter le déroulement d’une folle course, une préparation laborieuse, ou pour vous parler d’une belle promenade au milieu des gazouillis des oiseaux. Mais les choses en ont décidé autrement. J’aurais préféré reprendre le clavier pour évoquer un RP, une idée débile, ou un voyage, mais les horizons ont quelque peu changé depuis.
Notre monde a changé. Nous avons troqué fractionné, course et verres de pilier de bar pour renforcement, home trainer et apéro skype. Ce magnifique bronzage cycliste que tout le monde nous envie tant (non ?) va prendre un peu de retard cette année. Les préparations sont à l’arrêt, les kilomètres en chômage technique et le foie au repos. Mais, en fin de compte, ce n’est pas bien grave. Les événements récents nous montrent qu’il y a bien plus terrible dans la vie. Sauf si vous êtes coincés toute la journée devant les Anges de la Téléréalité. Là, en effet, ça craint grave.
Puisque j’ai pas mal de temps en ce moment (coucou le chômage technique), mais comme tout un chacun la problématique de « J’ai envie de sortir, de profiter du soleil, de faire du sport, de voir des gens, de faire des câlins, mais stay at home », je m’en vais rejoindre moi-aussi la horde de néophytes de la plume pour vous raconter ma nouvelle vie de confiné. Pourquoi ? Parce que j’aime écrire, j’ai du temps, et vous aussi vous avez du temps pour me lire, avachi dans votre canapé.
Synopsis
Point récap de la situation : Individu de 27 ans, ne tenant pas en place, vivant dans un petit appartement de 25 m², sans balcon ni jardin, en banlieue parisienne, aimant sentir les enivrants rayons du soleil sur la peau, tendance bigorexique, ascendant gourmand. Actuellement confiné chez lui, les baskets au placard, les mollets inutilement dans les starting blocs, l’estomac toujours dans les talons. Ça commence bien, il est pas mal ce pitch hein ?
Ça paraît évident, je ne suis pas le mieux armé pour vivre un confinement. J’aime bouger et courir ? Not possible anymore dude. J’aime manger ? Bonjour les kilos et la petite brioche sur le bidou. J’aime le soleil, le souffle des éléments ? Encore perdu, ne retente pas ta chance.
Dès le début du confinement, j’ai pris la décision de ne plus sortir qu’au minimum du minimum, et donc d’arrêter de courir. Un crève-cœur pour quelqu’un comme moi (je ne compte plus les messages reçus « mais tu fais comment, t’es pas en dépression ? »), mais nécessaire au vu de la situation sanitaire. Par respect pour ceux obligés de sortir aller travailler, pour les soignants qui risquent leur peau pour nous, parce que je ne souhaite pas prendre la responsabilité d’être vecteur de contagion. A chacun sa conscience et ses choix, la mienne me dicte d’être responsable, car le risque 0 n’existe pas même en prenant toutes les précautions possibles et imaginables (et j’ai beaucoup d’imagination, croyez moi héhé).
J’ai également décidé de ne pas rejoindre ma famille en région. Parce que aller d’un appartement à un autre ça semblait pas être une solution incroyable. Pour éviter de se trucider entre nous après plusieurs semaines les uns sur les autres. Pour éviter d’avoir à prendre les transports. Et aussi et surtout, pour prévenir tout risque dans le cas où j’aurais été porteur du virus sans le savoir.
Le cadre est posé. Moi, seul, 25 m², pas beaucoup de place, beaucoup de temps, une folle envie de me défouler, des possibilités restreintes. Hum, ça fait un peu Cluedo du pauvre là. Qui aura eu ma peau à la fin ? Les kilos en plus dans la cuisine, la folie dans la chambre, les abdos incessants dans le salon ? Merci de vous adresser à ma 13e personnalité pour la réponse à la fin du confinement.
Préparation confinement
Je suis parti directement sur le principe qu’on en avait pour 6 semaines de confinement. A intégrer directement dans un coin de la tête, pas de mauvaise surprise ainsi. Maintenant faut occuper tout cela. J’ai donc fait une liste de choses à faire. Vous savez les choses que vous n’avez jamais le temps de faire habituellement. Ou que vous n’avez pas forcément envie de faire, soyons honnête. C’est dingue tous les trucs de ménage que j’ai en plus, mon appartement n’aura jamais été aussi propre à la fin. C’est parti pour être une vraie fée du logis.
Et une liste de tous les bouquins, films et séries à voir, lire. Bon là j’avais du boulot. Déjà parce que j’ai quantité de trucs en retard, vraiment. Et puis, cet appartement, malgré sa taille, regorge de livres et de bibliothèques. Syndrome du « je ne peux pas rentrer dans une librairie sans repartir avec un truc que je ne suis pas prêt de lire ». Globalement il doit y avoir des dizaines de livres ici, dont une part non négligeable que je n’ai toujours pas lu. Voilà de quoi m’occuper.
Masterchef option confiné
Niveau cuisine, c’est le moment de prendre un peu plus le temps. Déjà, je ne mange quasiment rien d’industriel et de tout prêt, j’ai pris l’habitude de tout cuisiner. Enfin, dans la mesure de mes possibilités. On peut dire que cuire des carottes et ajouter des pâtes c’est cuisiner, non ? Clairement, je suis un peu loin du niveau de Cyril Lignac. J’aime faire des gâteaux et des pâtisseries, c’est mon côté gourmand (très gourmand). Mais pour le reste… C’est pas l’envie qui manque hein. On est plutôt sur une problématique matérielle et compétence. Déjà parce qu’il n’y a pas beaucoup de place ici, et pas une vraie cuisine (Elle se limite à : un évier. Voilà). Et du coup pas masse de matériel non plus, eu égard au manque de place et de placards pour stocker 36 ustensiles et appareils. Et puis la question des compétences. Généralement pas trop d’idées nouvelles, et pas assez l’habitude pour me lancer dans des trucs trop complexes. Je me lance petit à petit, step by step. Oui, je raconte ma vie, mais bon c’est mon article non ?
Bon, le problème ici, c’est que c’est bien beau de cuisiner, avoir le temps, les ingrédients, tout ça. Mais… Bah manger en ce moment c’est sympa, mais ça s’élimine pas très bien. Explication mathématique : je cours habituellement entre 80 et 100 kilomètres par semaine. Soit globalement entre 5000 et 6500 calories. On comprend aisément qu’avec la même alimentation que d’habitude, mais sans la drogue running, bonjour les kilos, au revoir les abdos. Aie.
Du coup, on fait comment pour manger sans trop prendre, mais en se faisant plaisir ? En essayant de tenir un planning et de ne pas craquer. True story. Moi qui mangeais tout et n’importe quoi, bah il va peut-être falloir être un peu plus rigoureux cette fois-ci. Tristesse. On se rattrape aux barbecs et apéros de cet été hein ?
Dans les faits :
- Déjà quasiment plus d’alcool. Bah ouais, plus de sorties, donc se la coller seul dans son appart c’est un peu tristounet, malgré les apéros skype.
- Ensuite, un planning des repas. Un mode d’organisation totalement nouveau pour moi, petit parisien qui avait l’habitude d’aller faire des courses de dernière minute pour chaque repas, y compris à 19h30 le dimanche. Du coup, planning pour décider où placer les repas les plus « gras », les plus légers, alterner les apports, manger en premier les aliments le plus vite périssables (coucou les courses pour 3 semaines). Histoire d’éviter de se taper 3 repas bien gras d’affilé et de laisser les légumes dans un coin. True story.
- Des repas à heures régulières. Petit déj vers 9h. Voire pas de petit déj quand j’ai beaucoup mangé la veille au soir. Déjeuner vers 13h, le plus tard possible pour ne pas avoir trop faim l’après-midi. Petit goûter dans l’après-midi, généralement un fruit, une gourmandise un coup de temps en temps. Et repas vers 20h-21h. Avec séance de sport en fin d’après-midi, quand la faim commence à se faire ressentir, pour envoyer les endorphines calmer l’estomac. C’est qu’il a l’habitude de beaucoup manger celui-là, et il galère à comprendre que les besoins sont moindres maintenant. Vilain garçon.
- Les « cheat meals ». Parce que c’est bien sympa les légumes, les pâtes, les repas bien sages, tout ça. Mais merde, le gras c’est la vie. Du coup mon frigo est chargé de fromage (ça m’a coûté un demi-bras), petit (gros) péché mignon. Il y a des raclettes, des pizzas, des crêpes, des cookies et autres réjouissances prévues dans le planning bouffe régulièrement. Parce que bon, c’est bien sympa, le contrôle, tout ça. Mais je suis gourmand. Un peu. Beaucoup. Passionnément. Enfin vous avez compris.
- Et avant tout : se faire plaisir. Ca rejoint le point précédent. Mais aussi sur les repas plus healthy. Je ne prévois que des repas que j’aime, avec des saveurs et des aliments qui me font envie. Un peu moindre qu’avant sur les quantités, mais ne lésinons pas sur le plaisir des papilles. Et avec pas mal de nouvelles recettes, des tests, pour aller découvrir de nouveaux petits plats et élargir la palette gustative.
Ça fait un petit control freak. Mais en période de confinement, j’allais clairement payer le fait de m’être habitué à une alimentation adaptée à mon bornage kilométrique hebdomadaire. On s’adapte. Et c’est pas plus mal d’essayer de manger mieux et de se prendre au jeu d’aimer manger plus sainement et intelligemment. Essayons de voir le positif. La positive attitude, au-delà d’être un fameux tube de Lorie, c’est aussi un très bon credo.
Condamné à tourner en rond
Enfin, et c’est le moment que vous attendez tous. Comment faire du sport et se maintenir en forme dans un petit appartement ? Quelles idées à la con trouver pour un espace exigu ?
Je suis resté relativement sage pour l’instant. Du renforcement musculaire tous les jours, 30 min minimum, généralement le matin, avec parfois des petits exercices autres au cours de la journée, histoire de tenir le corps éveillé. Des squats, du gainage, des abdos, des pompes, des haltères, des ponts, des burpees,… Enfin un peu de tout, pour essayer de garder de la force et du tonus musculaire dans les jambes, et tenter d’en profiter pour renforcer le haut du corps. Pas de programme prévu à chaque fois, au feeling, selon les envies, avec juste l’objectif de faire un peu de tout et de faire bosser l’intégralité du corps.
On va pas se mentir, c’est pas hyper fun, c’est même très chiant. J’aime pas le renforcement musculaire. De « un peu » de temps en temps pour éviter les blessures musculaires, je suis passé à « beaucoup » actuellement. Mais très clairement pas « passionnément ».
En dehors de cela, je fais du home trainer quasiment tous les jours. Enfin une utilité d’avoir un vélo qui encombre l’appartement. Dès le premier jour du confinement, j’ai commandé un home trainer chez Decathlon avant la rupture de stock. Ça devrait bien aider à conserver de la force et de l’endurance dans les jambes durant cette longue période de sport en intérieur.
Bon, ça non plus je ne trouve pas ça fun. C’est pas hyper confortable, il fait vite chaud, on sue comme un bœuf, et niveau paysages… N’aimant pas particulièrement cela et n’y trouvant pas un grand plaisir autre que la montée des endorphines et le plaisir de me maintenir en forme, je ne cherche pas à me faire particulièrement mal dessus. J’adopte volontairement une cadence régulière, à un bon rythme mais pas trop violent, pour éviter de trop me dégoûter. Entre 45 et 60 minutes à chaque session pour l’instant.
Et une fois dessus, il faut passer le temps. Parce que c’est long. Au début j’essayais de lire. Mais c’est quand même pas évident de tenir une poignée de vélo d’une main et le livre d’une autre. Je suis passé aux séries et films plutôt. Avec des écouteurs, parce que le raffut occasionné par cette machine éclipsait le son de l’ordinateur. Ça rend la séance plus tenable, et j’avance vitesse grand V sur les séries et films que je voulais regarder en plus. A date, commencé et fini Baron Noir, Fleabag, Monsieur et Madame Adelman, Nos jours heureux. Oui, choix éclectiques.
Et pas d’idées à la con, de trucs débiles, improbables, d’auto-traquenards (concept by A.S., qui se reconnaîtra) ? Clairement, on est qu’à un peu plus de 15 jours de confinement. Si ça continue encore longtemps… On sait bien qu’il ne faut pas me chauffer… !
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En rééducation course et prépa lever de coude