Biking Trip - Jour 4 - Gorges de l'Ardèche 6

Montélimar – Orgnac l’Aven, humidité et grimpette en Ardèche

Une matinée humide

Nous revoilà donc reparti pour de folles aventures, moi et mon fidèle destrier. Après deux journées aux conditions météorologiques quelques peu compliquées (euphémisme), Dame Nature aura pitié de moi et voudra bien me faire une fleur n’est-ce pas ? J’aime cet optimisme ! Qui aura donc duré exactement 15 kms, et aura été rapidement douché. Littéralement. En mode grosse pluie sur ta pomme pour avoir osé espérer que les choses allaient s’arranger. Ça aurait été trop beau que j’arrive à avoir le même temps que l’après-midi de la veille hein ?

Avant de finir en mode éponge-serpillère, j’ai tout de même pu voir quelques petites choses sympathiques. Tout d’abord le passage sur un barrage hydro-électrique, pile au moment de la fermeture d’une écluse. Un spectacle assurément inhabituel pour le petit nordiste que je suis, et qui laisse à voir la puissance du fleuve et l’utilisation qu’en a faite l’Homme. Ça donne vraiment pas envie de tomber dedans ces histoires.

J’ai également pu visiter la ville fortifiée de Viviers, charmante petite bourgade d’allure médiévale au sud de Montélimar, avec de petites rues étroites de demeures entièrement en pierres. Une découverte dépaysante dans un très beau cadre. Ce bourg se visite rapidement mais si vous aimez le charme des vieilles pierres il est assurément à ne pas manquer !

Et ensuite, mes retrouvailles avec la pluie, les trombes d’eau, 30 kms de bonheur bien évident, protégé de mon petit k-way tout dégoulinant. La douche froide. Un grand moment, assurément. Les paysages étaient certainement bien jolis, mais j’avoue avoir surtout été concentré sur le fait de continuer tête baissée. Dans ce genre de moment très agréable, ça marche au mental pour endurer au mieux ces conditions difficiles. Je m’enferme quelque peu dans ma bulle, ne me laissant pas démonter et pédalant de plus belle.

Grimpette en Ardèche

Vient le moment enfin de quitter le Rhône que j’ai suivi depuis le début de ce voyage, pour m’aventurer un peu plus loin à la rencontre des reliefs, en Ardèche. Je prends donc la direction des gorges de l’Ardèche à partir de Bourg Saint Andéol. Une partie nettement différente m’attend désormais. J’avais jusqu’ici fait principalement du plat, c’est maintenant venu le temps de faire un peu plus de dénivelé, et de faire chauffer les mollets dans des côtes endiablées. Le tout sous la pluie, bien évidemment.

C’est donc parti sur les petites routes de l’Ardèche, jouant des vitesses pour m’adapter au terrain nettement plus pentu. Bizarrement, cette difficulté supplémentaire me redonne du peps et me fait mieux supporter le rideau d’eau qui s’abat sur moi depuis maintenant un petit moment. C’est dans l’adversité qu’on se révèle paraît-il. C’est en tout cas dans ces moments plus physiques que je dévoile le plus de hargne, que je trouve le plus l’énergie de me surpasser et de vaincre les obstacles, la niark de dépasser des sommets (littéralement ici). C’est comme si j’avais eu besoin de ce défi pour m’éveiller, mon envie de vaincre et d’en découdre ressors en moi : « Allez, on y va, on ne lâche rien, km après km, coup de pédale après coup de pédale, tu peux le faire ! ». Ce sera assurément mon leitmotiv de la journée.

Beautés calcaires

Je n’avance pas très vite, mais avec assurance, certain de ma capacité à endurer ce petit défi du moment. Petit à petit je me rapproche de la prochaine visite de la journée, et de la première merveille de l’Ardèche que je m’apprête à découvrir : la grotte Saint-Marcel. Les gorges de l’Ardèche sont pleines de ces excavations naturelles creusées par les éléments au fil du temps, traces d’un passé lointain où la typographie des lieux était nettement différente. Crue et décrue du fleuve au cours des temps ont permis la constitution de ces beautés souterraines, que l’Homme a découvert peu à peu et a su aménager pour les faire partager sans les dénaturer.

Me voici enfin arrivé, profitant de l’attente avant la prochaine visite pour me reposer et prendre un repas bien mérité (avec mes vêtements séchant sur moi, sympa). La visite de la grotte est de toute beauté, et les jeux de son et lumière mis en place permettent encore mieux d’en apprécier les volumes et la diversité de stalagmites et stalactites.

Vues au sommet

Continuant mon chemin, je repars à l’assaut de la route touristique des gorges et longe désormais les falaises de calcaire qui en font le charme de carte postale. Je peux ainsi profiter des nombreux belvédères mis en place tout au long de la route pour découvrir les paysages qui s’étalent à mes pieds. L’Ardèche ça grimpe, mais qu’est-ce que c’est beau ! Devant une si belle vue, je me regrette pas mes douleurs dans les mollets, mes jambes sauront me pardonner. J’en prends plein les mirettes, j’admire sous différents angles les boucles des gorges, ces monstres de calcaire à pic qui s’élèvent de part et d’autre du fleuve, le tout entièrement boisé. C’est pour ce cadre bucolique et ces paysages que j’ai entrepris ce voyage, et je suis amplement comblé aujourd’hui !

J’arrive ensuite à une seconde visite, la grotte de la Madeleine. Là encore, que de merveilles dans une grotte plus intimiste et étroite, mais où les concrétions sont encore plus diverses, plus belles, plus grandioses. Draperies, colonnes, formes incongrues, c’est un festival qui ravit les yeux. Enfant des plaines et des champs, rien à voir avec ce que j’ai l’habitude de voir ! En revanche, mes jambes sont un peu moins contentes que moi par cette expédition souterraine. Parce qu’une grotte, forcément ça en fait des marches à descendre puis à remonter ! Moi qui voulait faire du renforcement musculaire pour soulager mes pauvres articulations amochées par la course, on est parfaitement dedans non ?

Faire chauffer les mollets

De retour sur route, pour profiter de vues toujours plus magnifiques les unes que les autres, mais également… de belles descentes et montées ! La dernière portion entre la grotte de la Madeleine et Vallon Pont d’Arc est en effet nettement plus pentue, avec des montées un peu costaud où il me faut pousser sec sur les pédales et déployer des forces insoupçonnées pour venir à bout de sommets. Au passage, j’ai grimpé mon premier col… à 350m d’altitude. Bon ok pour le mont Ventoux on repassera plus tard. Après tant de grimpette, autant vous dire que les descentes n’en étaient également que plus fameuses. N’étant toutefois pas vraiment rassuré au vu de la vitesse que je prenais rapidement, j’ai surtout passé mon temps à serrer les freins pour m’éviter une chute qui aurait assurément coupé court à mon voyage. C’est bien beau de partir à l’aventure voir de nouveaux horizons, mais rentrer en entier me paraîtrait une fin tellement plus appréciable !

Les jambes demandent grâce

Biking Trip - Jour 4 - Vallée Pont d'Arc

Les paysages défilent, me voici arrivé à Vallon Pont d’Arc, nommé d’après une arche naturelle percée dans le calcaire par le fleuve. Plus qu’une dernière portion jusqu’à l’étape du soir, qui sera la bienvenue car les jambes fatiguent après une journée entre intempéries et dénivelé. Ces derniers kilomètres me paraissent interminables, et j’ai hâte d’en finir avec des montées qui me cassent. Avec la fatigue, mon cerveau est en mode montagnes russes, où il ne lui semble plus voir que de grandes montées et ne plus percevoir les descentes. Je ne connais que trop bien la relativité du temps version fractionné sur piste, voici la relativité de l’espace version dénivelé à vélo.

Miracle, du plat sur la fin ! Je lance mes dernières forces dans la bataille, trop heureux de défier le bitume et de revenir à des vitesses plus appréciables. Je file comme le vent, bien plus vite qu’habituellement, les bonnes grimpettes de la journée m’ayant fait relativiser la difficulté d’augmenter la vitesse sur du plat.

J’arrive enfin dans un petit hameau qui sera mon lieu de villégiature pour la soirée, goûtant un repos bien mérité, et un sommeil réparateur qui, comme tous les soirs, sera très facile à trouver. Je m’endors des souvenirs plein la tête, préférant laisser de côté une matinée humide pour ne garder que le reste, des paysages grandioses à couper le souffle.

Prochain article : Fin des routes de l’Ardèche pour repartir plein est vers d’autres paysages, plus viticoles, autour d’Orange et d’Avignon.

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