Triathlon de Chantilly - Photos Arrivée 3

Triathlon de Chantilly : ça passe crème !

Dimanche 26 août, 4h du matin, le réveil sonne. Bon en fait ça fait déjà 5 minutes que je suis réveillé. Normal. Et le pire c’est que je n’ai même pas la tête dans les choux, au contraire je suis déjà une vraie pile électrique. Vous vous demandez pourquoi quelqu’un de normalement constitué se lèverait aussi tôt le jour des marmottes, à l’heure où tant d’autres finissent leur soirée. Réponse : j’ai triathlon aujourd’hui. 1,5 kms de natation, 45 kms de vélo et 10 kms de course à pied. Et là vous revenez quelques lignes en arrière et vous comprenez que la réponse est en réalité tout autre : les sportifs ne sont tout simplement pas des gens normalement constitués. Et encore je ne vous ai pas parlé des 2h de transport en pleine nuit et dans le froid pour aller sur place… Dites, ça se soigne cette maladie là ou pas ?

Frissons matinaux et derniers préparatifs

Levé donc aux aurores, je me prépare, prends mon petit déjeuner, pause technique, et me voilà lancé dans la nuit parisienne pour 20 min pour rallier la gare de Lyon et le premier RER de la journée vers Chantilly. Drôle d’échauffement ! A l’heure où les rues ne comptent plus que les noctiliens et Uber ramenant les fêtards du samedi soir, je pédale donc sur les pavés parisiens sous un petit 4° avant de prendre la direction de Chantilly par les rails. En l’absence de voiture, pas d’autre choix que de transporter vélo et autre matériel par les moyens à disposition. Ce sera à nouveau dans l’obscurité la plus totale que je parcourrai les 2 kms séparant la gare de destination du château, théâtre de l’épreuve du jour.

Une fois passé ce trajet quelque peu sportif, le soleil commence à poindre le bout de son nez quand je passe les contrôles pour rentrer dans le parc, donnant quelques superbes clichés du château dans le brouillard de la nuit. Il serait temps qu’il fasse jour, j’ai rendez-vous pour une petite trempette dans une heure !

Les températures ne sont clairement pas clémentes en ce début de matinée : 8° à l’extérieur, 18° dans l’eau. Mais qu’est ce qui m’a pris de me lancer là-dedans ? En enlevant mes couches de vêtement pour passer la combinaison de natation, je ne sais même plus si mes tremblements dont dus au mordant du froid ou à l’appréhension précédant cette épreuve que j’attends depuis si longtemps ! Inscrit depuis le début d’année, en entrainement pour ce triple effort depuis quelques mois, il n’est plus temps de se dégonfler !

C’est donc avec peur, détermination et excitation (et aussi un peu froid, ça caille les pieds nus dans l’herbe) que je pars vers le lieu de départ, après avoir bien organisé mon espace dans le parc à vélo de transition. Je croise Paul et sa copine, également membres d’Adidas Runners Bastille, et nous assistons au départ du format le plus long, le Half / format L. Paul participe également au même triathlon que moi aujourd’hui, mais part dans la vague suivante, une demie heure après moi. 

Trempette dans le bain aux algues

C’est donc à mon tour de descendre dans l’arène, ou plutôt dans les canaux. C’est en effet dans les canaux en bas du château qu’aura lieu cette longue baignade de 1,5 kms ce matin. Après le briefing, nous nous glissons dans l’eau, qui est au final relativement bonne grâce à la combinaison de natation, et par contraste avec la température extérieure. Par contre, il y a tout de suite un truc qui cloche : c’est mou au fond, très mou. Une bonne couche de vase est là pour accueillir nos petits pieds, de quoi un peu mieux nous rendre compte dans quoi nous allons nager d’ici peu. Et le départ est lancé !

N’étant pas un excellent nageur (euphémisme, malgré des réveils très matinaux à 6h30 très régulièrement pour aller m’entrainer ces derniers mois, ma technique de nage est certainement à mi-chemin entre l’enclume et la baleine), je me place de suite à l’arrière pour éviter coups de pieds et de coude que s’empressent de partager les premiers rangs. C’est à mon tour de plonger la tête dans l’eau et de me lancer dans une longue séance de crawl.

Première constatation : on ne voit absolument rien dans l’eau. Obscurité totale rompue régulièrement par un bref éclair de lumière lorsque je sors la tête pour respirer. Seconde constatation : nous ne ferons pas la partie natation seuls et aurons la joie d’être aidés dans notre périple par… des algues. C’est qu’elles sont très câlines en plus, à t’agripper les bras et les jambes, et te coller au visage. Bref, c’est dégueulasse. Beurk, une fois de plus : qu’est-ce que je fous là ? Plus jamais je ne critiquerai la qualité de l’eau des piscines !

Tout cela n’est pas vraiment une surprise pour moi. Je m’étais beaucoup renseigné sur ce triathlon, lisant nombreux comptes rendus de blogs, et avais rapidement compris que ça n’allait pas être de la tarte. J’essaie donc de faire abstraction de tout cela, de ne surtout pas paniquer, de continuer à mon rythme. Je suis là pour en découdre, sortir de ma zone de confort, repousser mes limites, on y est !

Autre petit problème : quand on nage en eau libre, il vaut mieux avoir un bon sens de l’orientation aquatique. Cette option n’est pas cochée dans mon package. Je me rends rapidement compte que je m’éloigne pas mal du groupe et que je ne nage pas du tout dans la bonne direction. Non mais 1,5 kms c’est beaucoup trop simple, pourquoi ne pas en rajouter un peu en zigzaguant un peu ? Un peu plus de temps passé avec les algues tiens.

La suite de cette partie natation sera donc une longue suite de mouvements de bras et de jambes, relevant de temps en temps la tête pour me réorienter et éviter au maximum de dériver de nouveau. Je bats certainement un peu trop les jambes puisque j’attrape coup sur coup deux crampes aux mollets. Je vois également le groupe de nageurs s’éloigner peu à peu et me vois ainsi relégué en queue de peloton. Je ne suis pas habitué à me retrouver dans les derniers comme ça. C’est pas de la tarte dis donc. Mais je me surprends à rester étrangement très serein et calme. Je profite du moment, je suis juste content d’être là. Oui malgré les conditions, malgré une eau vraiment pas terrible, je suis content ! Je me dépasse, je découvre une nouvelle discipline, il commence enfin à faire beau et j’entrevois de temps en temps le château au loin entre deux mouvements de crawl. Et surtout, à partir de la moitié de la partie natation, je sais au fond de moi que je vais réussir, que je vais terminer mon triathlon. Je suis sûr que je vais finir la partie natation maintenant, et le vélo et la course à pied ne seront plus qu’une formalité. Je vais être triathlète mon gars !

Je me rapproche désormais de la fin de la partie natation, je suis dans la dernière ligne droite, j’aperçois au bout des petits bonhommes avec des bonnets jaunes, la dernière vague de participants à partir. Je suis le cap, accélère les battements dans les 200 derniers mètres, me rapproche, heurte avec les genoux la rampe qui sort de l’eau. Etant incapable de me relever après 46 minutes passées à nager en position horizontale, deux personnes m’attrapent et me remettent sur pied. Pas le temps de se reposer, me voilà déjà en train de courir vers le parc à vélo pour m’élancer au plus vite vers la seconde épreuve !

Parti pour 45 kms de vélo, on pédale pas dans la semoule

Sur le chemin, tout en courant, j’en profite pour déjà commencer à enlever ma combinaison de natation, comme j’ai déjà vu tant de triathlètes le faire pour gagner du temps. Le problème c’est qu’il fait froid d’un coup, terriblement froid, et j’ai rapidement les mains gelées. J’arrive dans le parc à vélo et attrape une serviette pour me sécher, mais j’ai le plus grand mal à terminer d’enlever ma combinaison et mettre mes gants et chaussures. Je perds pas mal de temps, mais dois faire avec des doigts récalcitrants.

Me voilà enfin prêt, je cours avec mon vélo pour sortir du parc du vélo, puis l’enfourche et pars pour les 45 prochains kilomètres. J’ai encore un peu froid sur les premiers kilomètres, le temps que ma trifonction sèche sur moi, mais finis enfin par me réchauffer à mesure que les kilomètres filent.

Le parcours est assez roulant, j’arrive de suite à imprimer un bon rythme, et surtout à le garder. Quelques montées sur la première partie, mais rien de bien méchant, juste de quoi faire chauffer les cuissots et réveiller un peu le cardio. Les portions pavés sont en revanche un peu plus compliquées, mais heureusement très courtes.

J’avance vite et les kilomètres passent rapidement. Je me fais doubler par quelques cyclistes de la vague suivante, mais au vu de leur super bolide, je me console en me disant que je n’ai pas à rougir devant eux. J’ai moi-même un matériel pas terrible : un vélo de route un peu lourd acheté d’occasion à un particulier, pas très aérodynamique ni fait pour de la vitesse, mais il m’a néanmoins bien servi depuis un peu plus d’un an et on en a fait du pays ensemble, notamment pendant mon biking trip. Je n’ai également ni pédales automatiques ni cale chaussures, un cas rare apparemment parmi le peloton. Peu importe, je suis motivé, heureux d’être là, j’ai de l’énergie à revendre et une flamme en moi qui me permet de maintenir le rythme sans trop m’épuiser pour autant.

La seconde partie est encore plus roulante, j’arrive à imprimer un très bon rythme et les villages se succèdent, tous plus pittoresques les uns que les autres. Le parcours est plutôt sympa, et étant picard, mais plutôt côté nord, c’est donc une autre partie de la Picardie que je découvre aujourd’hui.

Le retour sur Chantilly approche déjà bientôt, et au bout d’une heure et 40 minutes me voici déjà revenu à mon point de départ. Je mets pied à terre et cours remettre mon vélo au parc de transition. Un petit coup de ravitaillement, et me revoilà parti pour la dernière partie, mon sport fétiche, la course à pied.

Une course à pied en mode fusée

Ne m’étant pas entrainé sur les transitions, j’avais peur que le passage vélo/course à pied soit aussi difficile pour moi que ce que j’en avais entendu : sensations de jambes lourdes après tant de temps passé à pédaler, lenteurs, rythme saccadé. Cela n’a pas du tout été le cas pour moi. Et oui ! Aucune difficulté, pas une douleur, rien. Je suis reparti de suite sur un rythme prudent et néanmoins rapide de 4’15 / km (ou 14 kms/h). 

Clairement, j’ai très rapidement compris que la partie running ne me poserait aucun problème. Un soulagement, tant je redoutais d’avoir du mal à me mettre à cette épreuve sur laquelle je sais être plutôt bon, mon sport de prédilection. J’ai donc choisi un rythme qui me permettait à la fois de finir sur un bon temps, mais sans avoir à me mettre dans le rouge et à trop me fatiguer. L’objectif principal reste le marathon de Berlin, et je n’ai aucune envie de risquer de me blesser ou de trop me fatiguer les jambes maintenant, juste pour gagner 30 secondes sur un 10 kms. Je pars donc sur une allure cible de 4’10 / km. Je passe ainsi toute cette épreuve à doubler des concurrents, que ce soient d’autres triathlètes plus avancés que moi, ou des coureurs faisant la seule partie course à pied (sur 10 kms ou semi-marathon, épreuves supplémentaires de la journée). J’avance ainsi rapidement et ne vois pas le temps passer, profitant de pouvoir courir autour de l’hippodrome de Chantilly et le parc du château.

Nous voici déjà arrivés à la fin de ce triathlon, je reviens à hauteur du château et des canaux, je parcours les derniers mètres avec un grand sourire aux lèvres,  et me voici ainsi triathlète !

Triathlon de Chantilly - Arrivée 2

Une super expérience, un effort varié et exigeant

Ce triathlon fut donc une superbe course pour moi, la joie de remettre un dossard, de tester de nouveaux sports et de découvrir la réalité de ce triple effort. Cela demande une charge d’entrainement plus conséquente, mais l’expérience de cumuler plusieurs sports de suite est très intéressante et pousse le corps dans de nouveaux retranchements. J’ai vraiment adoré me challenger sur cette nouvelle épreuve pour moi, aller dans l’inconnu, notamment pour la partie natation. Je crois que je n’avais pas stressé autant pour une course depuis mon premier marathon ! Et pourtant tout s’est bien passé, extraordinairement bien passé même ! Je réussis à finir en 3h18min38sec, en milieu de classement, soit une performance très satisfaisante pour moi. Et qui plus est une 21e place en course à pied, sans que je n’aie forcé, ce qui est encore plus extraordinaire. Que du positif à retenir de cette expérience donc, et nul doute que mon enthousiasme ne retombera pas comme un soufflé puisque je compte déjà m’inscrire l’année prochaine à de nouveaux triathlons !

Triathlon de Chantilly - Photos Arrivée 2

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